Le prjet de restauration du colombier en est cours. Les fiches techniques sont réalisées et il nous faut désormais amorcer un chantier participatif afin de reconstruire la face ouest qui est en ruine.
Son histoire :
Au cœur du domaine de Kermenguy, au sud-est du château, on peut découvrir au détour d’un chemin le colombier qui, depuis plusieurs siècles, domine fièrement la prairie qui l’accueille.
Inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH), cette œuvre architecturale emblématique de la seigneurie féodale possède une histoire remarquable. Construit au XVIème siècle sous le règne du Roi François Ier, le colombier de Kermenguy fut édifié sous l’impulsion du maître des lieux d’alors : Tanguy de Kermenguy. Ce fut le futur Henri II en personne, fils ainé du Roi et duc de Bretagne qui, le 21 décembre 1543, au Château de Fontainebleau, accorda à son ami et vassal, le seigneur de Kermenguy, « le droit de colombier ».
Ce faisant, le futur souverain agissait conformément à la « très ancienne coutume de Bretagne » qui servit de législation en son duché pendant plusieurs siècles. Trois grandes coutumes ont existé : « la Très Ancienne du XVème siècle, l’Ancienne de 1539 et la Nouvelle coutume de 1580 »[1]. Comme le stipule l’article 371 de l’Ancienne coutume, plusieurs conditions étaient nécessaires pour que ce droit soit concédé. Il l’était à une maison noble disposant de suffisamment de terre afin que les colombes et les pigeons n’aillent pas se nourrir sur les terres d’autrui[2]. Les nids, appelés boulins, étaient construits pour abriter un couple de pigeons. Leur nombre devant être proportionnel à la grandeur des terres seigneuriales, il s’agissait également d’un symbole de richesse et de puissance.
Toutefois, l’objectif premier d’un colombier était, tout d’abord, de fournir en permanence de la viande fraiche aux habitants du domaine qui appréciaient sa chair fine et agréable et qui étaient sans cesse confrontés à la difficulté de conservation des aliments et de la viande en particulier. Par ailleurs, il s’agissait également de produire la colombine un engrais très recherché pour cultiver les vignes, les jardins potagers ou encore les cultures du lin, du chanvre et les vergers. Cette production d’engrais avait une importance telle qu’elle pouvait figurer comme source de revenus sur les contrats de mariage. Enfin, le pigeon avait également une fonction médicale. En effet, le pigeon constituait la base de l’alimentation des malades et des convalescents et son sang était utilisé pour guérir les maladies des yeux[3].
[1] Henry YVES. Le colombier, un signe extérieur de noblesse. Essai sur les colombiers en Bretagne. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 88, numéro 1, 1981. pp. 67-86.
[2] Dominique DE LAFFOREST, Une terre, une famille, une histoire, Kermenguy, Les Amis de Kermenguy, 2009, p. 10.
[3] Henry YVES, Op.cit, pp. 67-86.